• Évasion

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    L'Invitation Au Voyage

    Mon enfant, ma sœur,
    Songe à la douceur
    D’aller là-bas vivre ensemble !

    Aimer à loisir,
    Aimer et mourir
    Au pays qui te ressemble !

    Les soleils mouillés
    De ces ciels brouillés
    Pour mon esprit ont les charmes
    Si mystérieux
    De tes traîtres yeux,
    Brillant à travers leurs larmes.

    (*`¯`*.`).(`.*`¯`*)
    (.`(`..`)`.)
    ("*")

    Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.


    ("*")
    (.`(`..`)`.)
    (*`¯`*.`).(`.*`¯`*)

    Des meubles luisants,
    Polis par les ans,
    Décoreraient notre chambre ;

    Les plus rares fleurs
    Mêlant leurs odeurs
    Aux vagues senteurs de l’ambre,

    Les riches plafonds,
    Les miroirs profonds,
    La splendeur orientale,
    Tout y parlerait
    À l’âme en secret
    Sa douce langue natale.

    (*`¯`*.`).(`.*`¯`*)
    (.`(`..`)`.)
    ("*")

    Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.


    ("*")
    (.`(`..`)`.)
    (*`¯`*.`).(`.*`¯`*)

    Vois sur ces canaux
    Dormir ces vaisseaux
    Dont l’humeur est vagabonde ;

    C’est pour assouvir
    Ton moindre désir
    Qu’ils viennent du bout du monde.

    — Les soleils couchants
    Revêtent les champs,
    Les canaux, la ville entière,
    D’hyacinthe et d’or ;
    Le monde s’endort
    Dans une chaude lumière.

    (*`¯`*.`).(`.*`¯`*)
    (.`(`..`)`.)
    ("*")

    Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.


    ("*")
    (.`(`..`)`.)
    (*`¯`*.`).(`.*`¯`*)

    L'Invitation Au Voyage

    Le poème en vers

    Spleen et Idéal numéro LIII (85 poèmes)
    Les fleurs du mal (1857)
    Publié le 25 juin 1857

    Charles BAUDELAIRE (1821-1867)

    Charles BAUDELAIRE (1821-1867)

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    L'Invitation Au Voyage

    Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie. Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord, et qu’on pourrait appeler l’Orient de l’Occident, la Chine de l’Europe, tant la chaude et capricieuse fantaisie s’y est donné carrière, tant elle l’a patiemment et opiniâtrement illustré de ses savantes et délicates végétations.

    Un vrai pays de Cocagne, où tout est beau, riche, tranquille, honnête ; où le luxe a plaisir à se mirer dans l’ordre ; où la vie est grasse et douce à respirer ; d’où le désordre, la turbulence et l’imprévu sont exclus ; où le bonheur est marié au silence ; où la cuisine elle-même est poétique, grasse et excitante à la fois ; où tout vous ressemble, mon cher ange.

    Tu connais cette maladie fiévreuse qui s’empare de nous dans les froides misères, cette nostalgie du pays qu’on ignore, cette angoisse de la curiosité ? Il est une contrée qui te ressemble, où tout est beau, riche, tranquille et honnête, où la fantaisie a bâti et décoré une Chine occidentale, où la vie est douce à respirer, où le bonheur est marié au silence. C’est là qu’il faut aller vivre, c’est là qu’il faut aller mourir !

    Oui, c’est là qu’il faut aller respirer, rêver et allonger les heures par l’infini des sensations.
    Un musicien a écrit l’Invitation à la valse ; quel est celui qui composera l’Invitation au voyage,
    qu’on puisse offrir à la femme aimée, à la sœur d’élection ?

    Oui, c’est dans cette atmosphère qu’il ferait bon vivre, — là-bas, où les heures plus lentes contiennent plus de pensées, où les horloges sonnent le bonheur avec une plus profonde et plus significative solennité.

    Sur des panneaux luisants, ou sur des cuirs dorés et d’une richesse sombre, vivent discrètement des peintures béates, calmes et profondes, comme les âmes des artistes qui les créèrent. Les soleils couchants, qui colorent si richement la salle à manger ou le salon, sont tamisés par de belles étoffes ou par ces hautes fenêtres ouvragées que le plomb divise en nombreux compartiments. Les meubles sont vastes, curieux, bizarres, armés de serrures et de secrets comme des âmes raffinées. Les miroirs, les métaux, les étoffes, l’orfèvrerie et la faïence y jouent pour les yeux une symphonie muette et mystérieuse ; et de toutes choses, de tous les coins, des fissures des tiroirs et des plis des étoffes s’échappe un parfum singulier, un revenez-y de Sumatra, qui est comme l’âme de l’appartement.

    Un vrai pays de Cocagne, te dis-je, où tout est riche, propre et luisant, comme une belle conscience, comme une magnifique batterie de cuisine, comme une splendide orfèvrerie, comme une bijouterie bariolée ! Les trésors du monde y affluent, comme dans la maison d’un homme laborieux et qui a bien mérité du monde entier. Pays singulier, supérieur aux autres, comme l’Art l’est à la Nature, où celle-ci est réformée par le rêve, où elle est corrigée, embellie, refondue.

    Qu’ils cherchent, qu’ils cherchent encore, qu’ils reculent sans cesse les limites de leur bonheur, ces alchimistes de l’horticulture ! Qu’ils proposent des prix de soixante et de cent mille florins pour qui résoudra leurs ambitieux problèmes ! Moi, j’ai trouvé ma tulipe noire et mon dahlia bleu !

    Fleur incomparable, tulipe retrouvée, allégorique dahlia, c’est là, n’est-ce pas, dans ce beau pays si calme et si rêveur, qu’il faudrait aller vivre et fleurir ? Ne serais-tu pas encadrée dans ton analogie, et ne pourrais-tu pas te mirer, pour parler comme les mystiques, dans ta propre correspondance ?

    Des rêves ! toujours des rêves ! et plus l’âme est ambitieuse et délicate, plus les rêves l’éloignent du possible. Chaque homme porte en lui sa dose d’opium naturel, incessamment sécrétée et renouvelée, et, de la naissance à la mort, combien comptons-nous d’heures remplies par la jouissance positive, par l’action réussie et décidée ? Vivrons-nous jamais, passerons-nous jamais dans ce tableau qu’a peint mon esprit, ce tableau qui te ressemble ?

    Ces trésors, ces meubles, ce luxe, cet ordre, ces parfums, ces fleurs miraculeuses, c’est toi. C’est encore toi, ces grands fleuves et ces canaux tranquilles. Ces énormes navires qu’ils charrient, tout chargés de richesses, et d’où montent les chants monotones de la manœuvre, ce sont mes pensées qui dorment ou qui roulent sur ton sein. Tu les conduis doucement vers la mer qui est l’Infini, tout en réfléchissant les profondeurs du ciel dans la limpidité de ta belle âme ; — et quand, fatigués par la houle et gorgés des produits de l’Orient, ils rentrent au port natal, ce sont encore mes pensées enrichies qui reviennent de l’infini vers toi.

    L'Invitation Au Voyage

    Le poème en prose

    Le Spleen de Paris (numéro XVIII)
    Petits poèmes en prose
    publié en 1869

    Charles BAUDELAIRE (1821-1867)

    BAUDELAIRE Charles (timbre poste)

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    L'Invitation Au Voyage

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    L'Invitation au voyage est le titre de deux poèmes de Charles Baudelaire : l'un en vers et l'autre en prose.

    Le poème en vers figure dans le recueil Les Fleurs du mal, publié le 25 juin 1857, numéro LIII de la première section intitulée Spleen et Idéal.

    Le poème en prose est publié en 1869 dans le recueil Le Spleen de Paris, également connu sous le titre Petits poèmes en prose, numéro XVIII.

    Dans son poème L'invitation au Voyage en vers Charles BAUDELAIRE décrit à sa bien-aimée un pays idéal inspiré de la Hollande où tous deux pourraient s'installer ensemble. On y trouve les célèbres vers :

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

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    Charles Baudelaire (1821-1867)

    Charles Baudelaire
    (1821-1867)

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